jeudi 4 décembre 2008

À l'origine du Temps




C'est en 2006 que j'ai lu quelque part qu'un concours était proposé dont le prix serait une sorte de stage , la « Résidence du premier roman », offert à deux lauréats. La problématique du concours était simple : il fallait écrire un résumé d'un roman fantastique et trente pages du début. Facile. Seul problème, il ne restait que quinze jours ou trois semaines pour boucler l'affaire.

J'avais une idée, depuis longtemps : le temps, comme quatrième dimension. Tout le monde sait, ou croit savoir, que le temps, serait, selon Einstein, la quatrième dimension… mais c'est évident pour tout le monde, elle n'est pas comme les trois premières, longueur, largeur, hauteur… on ne peut pas la parcourir librement.

Donc il fallait faire vite, il fallait faire simple : Histoire d'un homme qui, un beau jour, découvre la quatrième dimension comme les trois premières, simplement en regardant dans le temps comme on regarde à droite, à gauche, devant, derrière, en haut, en bas…

Pour ne pas compliquer inutilement, j'ai situé l'action à Paris, dans des quartiers connus, qu'il est inutile de décrire : Gare du Nord, Quartier latin, Montparnasse. Ces noms sont évocateurs. Le héros, j'ai fait au plus simple, sera un architecte, métier prestigieux, que je connais (c'est mon premier métier), c'est le métier du héros de Et si c'était vrai, de Marc Levy. Cela permet toute liberté. Le roman devait être un boy-meets-girl, je tenais à ce qu'il reste dans les canons habituels du roman à succès, à cause du sujet un peu tordu. Elle est figurée en amante idéale (tant qu'on y est, autant se faire plaisir). Et c'est parti.

Ah, oui, j'oubliais : une référence importante, Soixante sujets de romans au goût du jour et de la nuit, de Sarane Alexandrian (Fayard). Il y est dit que le principe du roman fantastique, c'est l'irruption de l'étrange dans l'ordinaire. Ensuite, cela doit être logique. Il y est aussi expliqué le principe du roman surréaliste. Je m'en suis inspiré. Je reviendrai plus tard sur ce livre épatant.

Il va à sa rencontre, c'est la routine. Au plus simple : elle arrive par la gare du Nord. Souvenirs personnels de mon amante du début des années 2000 que j'allais chercher à la gare (mais pas du Nord). Principe important, pour moi : reprendre des choses connues, mais en les décalant.

Le roman devait être dramatique, mais rester une comédie. Pas de catastrophe. A la fin, tout s'arrange. A Jacqueline Harpman, j'ai emprunté une simplification qu'elle indique à propos de sa Plage d'Ostende : C'est un remake de Tristan et Yseut, mais elle supprime le philtre : les deux héros tombent amoureux fous naturellement. Ici, le temps change de nature sans explication pseudo-scientifique : on n'est donc pas dans la science-fiction, mais bien dans le registre fantastique.

L'écriture des trente pages a pris quelques jours. Tout se déroule très naturellement, cela avance. J'ai auparavant rédigé un résumé qui marche assez bien. Il me reste du temps pour peaufiner les trente pages. J'envoie le manuscrit.

Il revient trois jours après : je suis recalé.

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